dimanche 25 juillet 2010

Un peu de statistiques (Réponse à Généaligne)

    David sur son blog, Généaligne, s'est intéressé à la longévité de ses ancêtres. Il a calculé l'âge moyen au décès de ses ancêtres directs ce qui leur fait à tous un dénominateur commun, décès à l'âge adulte avec au moins un enfant.
Le nombre de ses ancêtres directs avec date de naissance et décès connues avec certitude s'élève à 89. Il obtient un âge moyen au décès de 61 ans et 10 mois (61ans et 5 mois pour les hommes, 62 ans et 3 mois pour les femmes).
Il nous incite à faire de même avec nos ancêtres, résultats que je vais vous faire partager.

J'ai procédé comme David. Sont comptabilisés uniquement les ancêtres directs avec une date de naissance et de décès exactes.
Je travaille avec Hérédis depuis toujours mais je ne me suis jamais vraiment intéressée à toutes ses fonctions et j'ai donc découvert la fonction "statistique-longévité". J'ai  tout simplement demandé à Hérédis de me traiter uniquement ma lignée sosa et hop, il me sort plus de 300 individus! En fait, le logiciel prend en compte les individus dont la case naissance et décès sont remplies avec des dates exactes, calculées ou approximatives ce qui fausse grandement les résultats.
Je suis donc passée par la méthode de recherche multicritères:


Ensuite j'ai marqué toute la liste mais sont quand même pris en compte les individus ayant des dates complètes précédées de "avant" et "après", individus que j'ai démarqué un à un. Il ne reste plus qu'à traiter ces individus marqués avec l'option "statistique-longévité".

Ma branche paternelle et maternelle sont établis dans deux régions distinctes, respectivement la Haute-Normandie et le Nord Pas-de-Calais dont voici l'âge moyen au décès.









L'âge moyen au décès des normands est de 67,16 ans soit environ 67 ans et 2 mois. La longévité est supérieure pour les femmes sauf au 18e siècle. En effet, sur les cinq femmes, une est décédée des suites de couches à 36 ans, Marie Dumont à 42 ans, deux autres aux alentours de la cinquantaine et une vieillarde à 84 ans.


L'âge moyen au décès de mes ancêtres du Nord est 65,28 ans soit environ 65 ans et 3 mois.
Le nombre d'ancêtres étudié est faible donc moins interprétable mais on s'aperçoit qu'au 19e siècle, il y a près de 10 ans d'écart entre les hommes et les femmes, ces dernières vivant moins longtemps. Sur les 7 femmes, 4 sont décédées entre 32 et 59 ans et la plus vieille à 75 ans. 4 étaient fileuses de lin. La vie dans le Pas-de-Calais étaient-elle plus dure qu'en Normandie au 19e siècle (10 ans d'écart chez les femmes), le métier de fileuse de lin induisait-il une durée de vie plus courte?

Pour conclure, l'âge moyen au décès global de mes ancêtres directs est de 66 ans et 2 mois, soit 4 ans et 2 mois de plus que ceux de david et mes extrêmes sont:
Jacques LETELLIER (1700-1725)(dont je vous ai déjà parlé dans de précédents billets) décédé à l'âge de 25 ans et
Adrienne VILLAIN (1908-2000), ma grand-mère paternelle, décédée à 91 ans et 11 mois passés.
Tous deux sont normands.

Edit du 20.07.2013: Adrienne VILLAIN a cédé sa place le 10.05.2012 à ma grand-mère maternelle décédée à 92 ans et 11 mois. Valéria WAS (1919-2012) est née en Pologne et est arrivée en France à l'âge de 6 ans, dans le Pas de Calais qu'elle n'aura jamais quitté (Ecoust-Saint Mein et Saint-Laurent-Blangy).

mercredi 14 juillet 2010

Les drames de Saint-Martin-le-Gaillard et de Douvrend (4/4)

Le procès, condamnations et exécutions

    Lors de sa séance du lundi 19 février 1838, la Chambre des mises en accusation est saisie des procédures instruites sur les deux crimes de Saint-Martin-le-Gaillard et de Douvrend.
Elle y joindra, pour faire bonne mesure, un troisième crime non élucidé et commis six ans plus tôt, dans la nuit du 8 au 9 août 1831, à Saint-Pierre-des-Jonquières.
La veuve Lambert, 87 ans, possède des terres alentours. Elle a vendu quelques parcelles pour subsister et la nouvelle s'en propage rapidement dans tout le village. Le soir même, elle est assassinée et dépouillée de ses biens avec une abominable sauvagerie, dont on retrouvera plus tard la manière d'opérer.
Pour l'autorité judiciaire, soucieuse de porter un coup d'arrêt aux agissements de bandes organisées qui tuent, pillent et sèment la terreur dans les villages, nulle doute que le mode opératoire et la violence portent, en dépit de leurs dénégations, la signature de la famille Fournier !

    Le jeudi 15 mars 1838, la foule se presse aux portes du palais de Justice de Rouen où va siéger la  Cour d'assises. Des cartes spéciales d'accès ont été parcimonieusement délivrées et on assiste à une mêlée de grands avocats et de juristes soucieux de se trouver une place. Ils doivent rester debout et certains même  s'insurgent contre le service d'ordre qui voulait les faire sortir de la salle. La salle d'audience est pleine en quelques instants, mais le Président Levesque sait faire rétablir l'ordre avec la fermeté qui le caractérise. Les débats dureront cinq jours.

    M. Mesnard, Procureur-général procède à l'exposé de l'accusation et déclare aux jurés : "Armez-vous de courage, car vous serez témoins d'horribles choses".
Il termine en adjurant les témoins de dire toute la vérité, sans crainte, puisqu'ils sont sous la protection de la justice. 162 témoins défileront devant la cour.
Ils paraissent, pour une forte majorité, plutôt à charge contre les accusés, complétant parfois leurs premiers témoignages de "ouï-dire". Au mieux, ils font preuve d'une prudente réserve n'ayant rien à reprocher ou n'ayant pas de relation avec les prévenus.
L'accusation s'efforce de démontrer que la manière dont les coups ont été portés, leur violence en toute insensibilité, sont bien le fait de bouchers de profession, habitués à assommer et à tuer des bestiaux, sans plus de remords. Le fait que Toussaint Fournier est gaucher comme l'un des assassins est aussi mis en exergue.


    Le maire de Saint-Martin-le-Gaillard rappelle la mauvaise réputation de Toussaint déjà chassé de Wanchy pour vol et dont le métier de boucher était plus qu'occasionnel. Napoléon Godry avait été condamné pour vol de bottes de foin. "On disait" qu'Euphémie Godry, sa soeur, était la concubine de Toussaint Fournier. La femme de Napoléon n'avait pas non plus bonne presse : son père avait été exécuté en 1817. Les fanfaronnades tenues antérieurement à plusieurs personnes par Toussaint, comme quoi "pour 1 000 F, il pourrait tuer son père ... pour 10 000 F, il lui plairait d'assassiner trois ou quatre personnes ..." et d'autres réflexions haineuses contre les curés lui sont hautement préjudiciables.

    Enfin, l'histoire du petit sac trouvé entre les mains de Catherine, la fille de Toussaint, débouche sur un témoignage accablant de la fillette qui pèsera lourd dans la balance. L'enfant est entendu, non pas comme témoin en raison de son jeune âge,  mais en vertu du pouvoir discrétionnaire du Président. Elle confirme, malgré la mise en garde du Président d'avoir à en répondre devant le "bon Dieu", que sa mère l'avait obligé à mentir en disant que toute la famille était couchée à huit heures trente, alors que son grand-père (Nicolas Augustin) et sa tante (Marie Euphémie Gaudry) étaient bien avec eux ce soir là et que son père les a fait coucher en disant : "dormez bien, il faut que j'aille chez M. le curé". Bref, un portrait de famille propre à convaincre les jurés de leur culpabilité.




    Passant au crime de Douvrend, le Président fait circuler parmi les jurés des bocaux contenant les têtes de l'abbé Michel et de sa servante Latteux : certains jurés détournent la tête refusant de regarder ces macabres pièces à conviction. Le procureur souligne alors les similitudes dans l'exécution des crimes, s'appuie sur les traces de pas dans le jardin : deux des meurtriers ont marché pied-nus et il y a une adéquation parfaite, selon les médecins appelés comme experts à la barre, entre l'empreinte en cire et le pied de Napoléon Godry, en raison de sa courbure caractéristique et de l'épaisseur de son orteil. S'y ajoute que les cheveux retrouvés dans la main de Céleste Paris sont reconnus par les experts comme appartenant à Napoléon.

    Le crime des Jonquières paraît presque comme une répétition des faits, même si les inculpés nient farouchement connaître la victime ou être au courant de la vente des terres.

    Tout au long des débats, les accusés demeurent impassibles, totalement insensibles lors de l'évocation des atrocités. Seul, Napoléon Godry s'amuse parfois à interrompre la procédure par des remarques futiles. Ils se défendent avec maladresse, niant systématiquement chaque fait directement reproché et récusant tout témoignage défavorable.


    Le 22 mars, le Procureur général procède à un réquisitoire clair et sans appel. Les défenseurs ont une rude tâche pour développer leurs arguments.
Le Président soumet aux jurés les 62 questions auxquelles ils auront à répondre. Le jury délibère à peine trois heures : 53 réponses sont affirmatives.
Jean Nicolas Toussaint Fournier, Jean François Fournier, leur père Nicolas Augustin Fournier et Jean Baptiste Napoléon Godry sont condamnés à la peine de mort.
La Cour ordonne en outre que l'exécution ait lieu  en place publique de Saint-Martin-le-Gaillard, sans doute pour frapper les esprits.
Marie Madeleine Sophie Godry, femme de Toussaint Fournier, est condamnée aux travaux forcés à perpétuité. Elle décèdera le 25 septembre 1845 à la centrale de Clermont dans l'Oise. Les autres prévenus, notamment Justine Guérin, femme de Napoléon Godry et Marie Euphrémie, soeur de ce dernier, sont acquittées.

    À l'énoncé du verdict Toussaint dit : "vous me condamnez pour un autre" ; François Fournier est anéanti et retombe sur son banc ; Napoléon Godry déclare : "je n'ai rien à réclamer, sinon que le jury commet à mon égard un véritable assassinat" ; quant au père Fournier, furieux, il s'en prend aux jurés "vous êtes une bande d'assassineux !"

    Cependant, les habitants des communes alentours trouvent trop long le temps qui s'écoulait entre condamnation et l'exécution. Enfin le jour fatidique fut fixé au 13 juin 1838.


Journal de Rouen 15.06.1868 - Archives départementales de Seine-Maritime

Dans, chaque village, de Dieppe à Saint-Martin-le-Gaillard, les habitants se rassemblent pour regarder passer le lugubre convoi.
Sur place, dès la nuit précédente, un nombre considérable de curieux est venu de toute la Seine inférieure : on estime à près de trente mille les personnes venues assister à l'exécution et les abords des bois de Justice prennent l'aspect d'une foire.
Le moment venu, dans leurs derniers instants, les condamnés protestent encore de leur innocence ... mais la justice passe.


Les têtes des suppliciés sont envoyées à Rouen à l'hôpital saint Yon pour examen
; les quatre cadavres furent enterrés dans une fosse commune du cimetière de Saint-Martin, non loin du monument, encore visible de nos jours, élevé à la mémoire de l'abbé Lhermina, de sa servante et de sa nièce.





Selon la croyance locale, sur la colline où fut dressé l'échafaud, quatre arbres furent plantés dans le sang des suppliciés, mais seulement trois ont poussé (les autres sont plus récents), ce qui fait dire à certains que parmi eux, il y avait peut-être un innocent.





Oh mes Aïeux ... ces drames resteront des années dans la mémoire des habitants  qui en feront allusion lors du double assassinat de mes ancêtres en 1845... mais ceci est une autre histoire ...


Fin.

Sources:
Pièces originales du procès
Revue de Rouen et de Normandie (1838)
Les grandes affaires criminelles de Seine-Maritime par Eddy Simon (2006)
Journal de Rouen - Archives départementales de Seine-Maritime

samedi 10 juillet 2010

Anniversaire : il y a 246 ans...

...le mardi 10 juillet 1764 décédait ma six fois arrière grand-mère Marie Anne DUMONT à Maisnières dans le département de la Somme.



    Marie DUMONT voit le jour le 12 octobre 1721 à Maisnières. Elle est la fille légitime de Pierre DUMONT et Marie DEROCQ. Elle est baptisée le lendemain dans l'église du village et porte  le prénom de sa marraine comme cela est de coutume.

    A 22 ans, Marie prend pour époux Charles VILLAIN, 24 ans, à Maisnières. Charles est lattier, il fabrique des lattes de bois utilisées pour les toitures.

    Elle met au monde 10 enfants, 2 filles et 8 garçons, au cours des 14 prochaines années. Deux garçons seulement atteindront l'âge adulte dont mon ancêtre Charles VILLAIN:
  1. le 18 juillet 1743 naît Marie Anne Angélique. Elle décèdera à l'âge de 3 ans.
  2. le 21 août 1746 naît Charles Symphorien mon ancêtre. Il décèdera à 41 ans.
  3. le 3 mai 1748 naît Pierre, jumeau. Il décèdera à l'âge de 1 an.
  4. le 3 mai 1748 naît Augustin, jumeau. Il décèdera à l'age de 21 jours.
  5. le 28 février 1750 naît Crépin le Crépinien. Il décèdera à l'âge de 7 mois. 
 Acte de naissance de Crépin le Crépinien VILLAIN - Archives départementales de la Somme (cliquer pour agrandir)

     6.  le 8 octobre 1851 naît André Denis. Il décèdera à l'âge de 8 ans.
     7.  le 19 mars 1754 naît Nicolas Joseph. Il décèdera à l'âge de 63 ans.
     8.  le 23 novembre 1756 naît Antoine Clément, jumeau. Il ne survivra que 3 jours.
     9.  le 23 novembre 1756 naît Marianne, jumelle. Elle n'aura pas plus de chance que son frère jumeau et décèdera à l'âge de 5 jours.
   10.  le 15 août 1758 naît Pierre. Il décèdera à l'âge de 8 jours.

    Ces quatorze années n'auront été qu'une succession de joies et de peines. Perdre un à un ses enfants doit être une épreuve terrible à traverser pour des parents.

    Epuisée certainement par ces accouchements successifs et les peines accumulées, Marie décèdera au cours de l'été 1764, le 10 juillet à l'âge de 42 ans. Ses deux garçons ont 15 et 7 ans. Ils se marieront tous les deux. Nicolas aura 6 enfants dont 3 mourront en bas-âge.

 Acte de décès de Marie Anne DUMONT - Archives départementales de la Somme (cliquer pour agrandir)

    Revenons sur ce charmant prénom de Crépin le Crépinien ! Saint Crépin avait un frère, Saint Crépinien. Ils étaient tous deux cordonniers à Soissons au IIIe siècle après J.C. Ils fabriquaient des chaussures qu'ils donnaient aux pauvres et furent un jour dénoncés pour leur appartenance à la chrétienté et conduit à l'empereur Maximien qui passait non loin de là. Refusant d'abjurer leur foi, ils furent torturés mais aucun châtiment ne les atteignaient et se retournaient au contraire sur leurs bourreaux. La décapitation leur fut fatale. Saint Crépin et Saint Crépinien sont désormais patrons des cordonniers. 
Ils sont fêtés le 25 octobre et "A la Saint Crépin, les mouches voient leur fin".

L'église de Maisnières est dédiée à ces deux saints. Marie et son mari ayant déjà perdu 3 enfants sur 4 ont peut-être jugé bon d'appeler leur nouvel enfant Crépin le Crépinien en hommage aux saints de la commune pour le protéger d'un destin tragique. Malheureusement, Crépin le Crépinien meurt à 7 mois et ses prochains frères et sœur auront des prénoms beaucoup plus communs.


Oh mes aïeux, avez vous des prénoms tout aussi étrange que Crépin le Crépinien dans vos ancêtres...ou votre entourage?

mercredi 7 juillet 2010

Les drames de Saint-Martin-le Gaillard et de Douvrend (3/4)


Les crimes de Douvrend

    Dans le village de Douvrend, à 15 kilomètres de Sain-Martin-Le-Gaillard, Mme Blondel va chaque jour porter du lait au presbytère, vers les sept heures et demi. Ce mardi 21 novembre 1837, elle trouve la porte et les volets encore clos. Étonnée, mais pensant être un peu trop matinale, elle revient un quart d'heure plus tard et constate que rien n'a bougé. Elle se rend alors chez l'instituteur, Jean-Jacques Têtu, qui habite la maison d'à côté et prévient sa femme. La fille du couple dort en effet au presbytère. Inquiètes, les deux femmes retournent à la cure, tambourinent à la porte et frappent aux volets.

    Au bout de quelques instants, sa fille Élisa pousse un volet. Exhortée par sa mère, elle descend et finit par ouvrir laborieusement la porte. Quand sa mère, affolée par son oeil tuméfiée et sa figure profondément meurtrie lui demande ce qui lui est arrivé, elle répond, hébétée, qu'elle a du se cogner au rebord du lit pendant son sommeil. La gravité des blessures montre qu'il ne s'agit pourtant pas d'un simple heurt.

    Les deux femmes pénètrent dans la maison tout en appelant et trouvent toutes les portes ouvertes, même celle de la cave. S'avançant plus avant, elles poussent des cris d'horreur : l'abbé Michel, âgé de quatre-vingt-cinq ans, gît sur le sol, visiblement mort, son visage n'est plus qu'une bouillie informe de peau et d'os écrasés. Les assassins se sont servis d'une masse pour s'acharner sur son visage. Dans la même pièce gît également la servante, Javotte Latteux, qui porte de nombreuses fractures au crâne. Miraculeusement, elle vit encore faiblement, mais décèdera deux jours plus tard sans avoir repris connaissance. Au premier étage, dans une chambre, on découvre une troisième victime, M. Carpentier, beau-frère de l'abbé Michel, en visite pour quelques jours. Il a du vouloir se défendre contre ses agresseurs et ces derniers ont frapper fort pour l'abattre, comme en témoignent son visage tout aussi ravagé. L'un des tueurs a même laissé une pièce à conviction : une empreinte de main ensanglantée sur l'enveloppe du traversin.

    Quant à la jeune Élisa, elle ne doit la vie sauve qu'au fait que le premier coup a du l'assommer, son agresseur ayant cru la laisser pour morte. Le chirurgien ne relèvera qu'un coup porté près de l'oreille par un objet contondant, sans fracture du crâne. Cependant, à la suite de ce choc, elle ne conservera aucun souvenir du drame. 


    La maison a été retournée de fond en comble et vidée de tous ses objets de valeurs : argenterie, bijoux et argent liquide. La cave a été, elle aussi, visitée et entièrement vidée de ses bouteilles.

    La même violence sauvage, le même mode opératoire que pour les meurtres de Saint-Martin-Le-Gaillard sautent immédiatement aux yeux des gendarmes. Oui mais, Jean Nicolas Toussaint Fournier et sa femme Marie Madeleine Sophie Godry sont toujours en prison. Les assassins, outre l'empreinte d'une main, ont laissé celles de pieds assez profondément marquées dans le sol du jardin du presbytère. Les soupçons s'orientent rapidement vers Jean François Fournier, 33 ans, boucher, frère de Toussaint et Jean Baptiste Napoléon Godry, dit Pollon.

    Les deux hommes ont été aperçus rôdant dans le village, la nuit des meurtres. Les deux compères sont conduit sous bonne garde dans le jardin du presbytère. On leur fait ôter leurs chaussures que l'on pose sur les empreintes : elles concordent parfaitement. La preuve est suffisante pour envoyer les deux suspects en prison.
  
    Ont-ils voulus, par ces nouveaux crimes, disculper Toussaint et son épouse, ou ont-ils été poussés par des besoins d'argent ? les deux sans doute au regard de leur réputation.

    Il manque cependant un troisième complice d'après les traces laissées dans le sol. On cherche évidemment dans l'entourage familial et Nicolas Augustin Fournier, 59 ans, berger et boucher lui aussi, père de Toussaint et de Jean François, fera l'affaire, même si les preuves à son encontre sont minimes, voire inexistantes ... mais la rumeur populaire a vite fait de faire un tour. Il rejoindra les siens en prison.

Voici ce qu'on peut trouver dans le "Journal des artistes - Revue artistique consacrée aux artistes et aux gens du monde " publié en 1838




 Oh mes aïeux, les coupables seront-ils punis?

A suivre... 

Sources:
Pièces originales du procès
Revue de Rouen et de Normandie (1838)
Les grandes affaires criminelles de Seine-Maritime par Eddy Simon (2006)