Les crimes de Douvrend
Dans le village de Douvrend, à 15 kilomètres de Sain-Martin-Le-Gaillard, Mme Blondel va chaque jour porter du lait au presbytère, vers les sept heures et demi. Ce mardi 21 novembre 1837, elle trouve la porte et les volets encore clos. Étonnée, mais pensant être un peu trop matinale, elle revient un quart d'heure plus tard et constate que rien n'a bougé. Elle se rend alors chez l'instituteur, Jean-Jacques Têtu, qui habite la maison d'à côté et prévient sa femme. La fille du couple dort en effet au presbytère. Inquiètes, les deux femmes retournent à la cure, tambourinent à la porte et frappent aux volets.
Dans le village de Douvrend, à 15 kilomètres de Sain-Martin-Le-Gaillard, Mme Blondel va chaque jour porter du lait au presbytère, vers les sept heures et demi. Ce mardi 21 novembre 1837, elle trouve la porte et les volets encore clos. Étonnée, mais pensant être un peu trop matinale, elle revient un quart d'heure plus tard et constate que rien n'a bougé. Elle se rend alors chez l'instituteur, Jean-Jacques Têtu, qui habite la maison d'à côté et prévient sa femme. La fille du couple dort en effet au presbytère. Inquiètes, les deux femmes retournent à la cure, tambourinent à la porte et frappent aux volets.
Au bout de quelques instants, sa fille Élisa pousse un volet. Exhortée par sa mère, elle descend et finit par ouvrir laborieusement la porte. Quand sa mère, affolée par son oeil tuméfiée et sa figure profondément meurtrie lui demande ce qui lui est arrivé, elle répond, hébétée, qu'elle a du se cogner au rebord du lit pendant son sommeil. La gravité des blessures montre qu'il ne s'agit pourtant pas d'un simple heurt.
Les deux femmes pénètrent dans la maison tout en appelant et trouvent toutes les portes ouvertes, même celle de la cave. S'avançant plus avant, elles poussent des cris d'horreur : l'abbé Michel, âgé de quatre-vingt-cinq ans, gît sur le sol, visiblement mort, son visage n'est plus qu'une bouillie informe de peau et d'os écrasés. Les assassins se sont servis d'une masse pour s'acharner sur son visage. Dans la même pièce gît également la servante, Javotte Latteux, qui porte de nombreuses fractures au crâne. Miraculeusement, elle vit encore faiblement, mais décèdera deux jours plus tard sans avoir repris connaissance. Au premier étage, dans une chambre, on découvre une troisième victime, M. Carpentier, beau-frère de l'abbé Michel, en visite pour quelques jours. Il a du vouloir se défendre contre ses agresseurs et ces derniers ont frapper fort pour l'abattre, comme en témoignent son visage tout aussi ravagé. L'un des tueurs a même laissé une pièce à conviction : une empreinte de main ensanglantée sur l'enveloppe du traversin.
Quant à la jeune Élisa, elle ne doit la vie sauve qu'au fait que le premier coup a du l'assommer, son agresseur ayant cru la laisser pour morte. Le chirurgien ne relèvera qu'un coup porté près de l'oreille par un objet contondant, sans fracture du crâne. Cependant, à la suite de ce choc, elle ne conservera aucun souvenir du drame.
La maison a été retournée de fond en comble et vidée de tous ses objets de valeurs : argenterie, bijoux et argent liquide. La cave a été, elle aussi, visitée et entièrement vidée de ses bouteilles.
La même violence sauvage, le même mode opératoire que pour les meurtres de Saint-Martin-Le-Gaillard sautent immédiatement aux yeux des gendarmes. Oui mais, Jean Nicolas Toussaint Fournier et sa femme Marie Madeleine Sophie Godry sont toujours en prison. Les assassins, outre l'empreinte d'une main, ont laissé celles de pieds assez profondément marquées dans le sol du jardin du presbytère. Les soupçons s'orientent rapidement vers Jean François Fournier, 33 ans, boucher, frère de Toussaint et Jean Baptiste Napoléon Godry, dit Pollon.
Les deux hommes ont été aperçus rôdant dans le village, la nuit des meurtres. Les deux compères sont conduit sous bonne garde dans le jardin du presbytère. On leur fait ôter leurs chaussures que l'on pose sur les empreintes : elles concordent parfaitement. La preuve est suffisante pour envoyer les deux suspects en prison.
Ont-ils voulus, par ces nouveaux crimes, disculper Toussaint et son épouse, ou ont-ils été poussés par des besoins d'argent ? les deux sans doute au regard de leur réputation.
Il manque cependant un troisième complice d'après les traces laissées dans le sol. On cherche évidemment dans l'entourage familial et Nicolas Augustin Fournier, 59 ans, berger et boucher lui aussi, père de Toussaint et de Jean François, fera l'affaire, même si les preuves à son encontre sont minimes, voire inexistantes ... mais la rumeur populaire a vite fait de faire un tour. Il rejoindra les siens en prison.
Voici ce qu'on peut trouver dans le "Journal des artistes - Revue artistique consacrée aux artistes et aux gens du monde " publié en 1838
Oh mes aïeux, les coupables seront-ils punis?
Oh mes aïeux, les coupables seront-ils punis?
A suivre...
Sources:
Pièces originales du procès
Revue de Rouen et de Normandie (1838)
Les grandes affaires criminelles de Seine-Maritime par Eddy Simon (2006)
Félicitations Valérie !
RépondreSupprimerLes extraits de journaux sont judicieusement choisis pour illustrer le récit.
Bien amicalement.
Michel.
Merci Michel mais j'ai des cousins qui y sont pour beaucoup ^^
RépondreSupprimerTerribles, ces crimes! Quel choc ont dû avoir Mmes Blondel et Têtu en découvrant ce malheureux curé! Décidément, la campagne rouennaise était bien dangereuse à cette époque pour les curéset leurs bonnes.
RépondreSupprimerVivement la suite :-)
Comment pouvoir s'attaquer à un homme de 85 ans, c est insensé?!
RépondreSupprimerJ'imagine qu'un climat de méfiance s'est établi aux alentours, les curés et leurs bonnes ne devaient pas en mener large!