Après dix mois d'absence et de changement, me revoilà dans la sphère "bloguistique". Et oui, après un déménagement de Normandie en Touraine, un nouvel hôpital où exercer mon métier d'infirmière et depuis deux mois un retour à l'école pour me spécialiser, j'ai retrouvé le courage et l'envie d'écrire l'histoire de mes ancêtres.
Le 17 mai 2010, je vous avais parlé de ma découverte du double assassinat de mes ancêtres. Je ne savais pas grand chose de ce crime à l'époque. Depuis j'ai passé des heures aux archives départementales de Seine-maritime (avant de déménager) et tel un détective, j'ai retrouvé divers documents qui m'ont révélé les éléments de cette sombre histoire. Je vous expliquerai ma méthodologie dans un prochain billet.
Jean François Joseph VERDIER (frère de ma 4 fois arrière grand mère maternelle, sosa 85) et sa femme Marie Anne DESMARAIS vivent dans une maison quelque peu isolée dans un agréable petit village de Seine-Maritime, à Bailleul-Neuville. Mariés le 28 juillet 1812 à Fréauville, ils ont 2 filles dont une décéda à l'âge de 2 ans en 1814. La seconde est mariée à un cultivateur de la commune voisine. Le couple vit dans une certaine aisance acquise par leur ferme et est très estimé par son entourage. Leur défaut, sans doute, se vanter de ne pas vivre dans le besoin.
Le 29 novembre 1845, le marché de Neufchâtel en Bray attire les habitants des communes environnantes. On ne s'inquiète donc pas de voir les volets de la maison des VERDIER encore fermés. Ils ont du aller au marché comme tous les samedis. En fin d'après-midi, des voisines, alertées par les bêtes affamées, vont voir ce qui se passe et découvrent avec stupéfaction que la maison du couple a été forcée.
Elles laissent leurs maris pénétrer dans la demeure et ils découvrent l’épouvantable désordre qu'il règne dans la chambre. Les autorités sont aussitôt prévenues et font une effroyable découverte.
A la vue des crânes fracassés, on se doute que les époux sont passés de sommeil à trépas. Leurs corps ont été jetés au sol comme de vulgaires chiffons. Le vol était manifestement la motivation des meurtriers. En effet des objets et de l'argent ont disparu et vu l'état de la maison, ils devaient chercher une cachette … qu'ils n'ont pas trouvé puisqu'on découvrira le trésor des Verdier caché sous de la cendre au grenier, 2018 francs répartis dans de vieux pots.
On compare aussitôt cet odieux crime avec l'assassinat de Marguerite LECOINTHE à Avesnes, femme âgée retrouvée sans vie chez elle, la boite crânienne aussi défoncée et le mode opératoire d'effraction similaire. Ces affaires ramènent la consternation dans le canton de Londinières, où vit encore le souvenir des crimes de la famille FOURNIER quelques années auparavant, crimes dont je vous avais parlé dans un précédent article, les drames de Saint Martin le Gaillard et de Douvrend.
Déjà, on soupçonne certaines personnes peu fréquentables. En effet, les filles Boudier et Toupain, Châtel, Anceaume et sa femme, Mention et sa concubine venaient mendier toutes les semaines chez la fille Lecointhe ou établissaient une boutique de fortune devant sa porte. Dès son assassinat, on ne les vit plus jamais faire la manche dans le village.
"Après le crime. Le partage des dépouilles"
Le 8 janvier 1846, un vol de lard chez Pierre Carpentier avec effraction similaire aux autres affaires, fait porter les soupçons à nouveau sur Mention et Anceaume. Ce dernier, de peur d'être confondu, dénonce Châtel qui prend la fuite. Pierre Châtel a deux enfants, Arthur et Benoni ,qui seront deux témoins à charge contre leur père et ses acolytes. Le plus jeune raconte ce qu'il a vu et entendu au sujet du crime des époux Verdier. Il affirme qu'André Carpentier, Alexandre Lerat, Anceaume, Mention, Châtel son père et d'autres personnes qu'il ne peut nommer,étaient réunies en conciliabule le 28 novembre 1845 à la ferme de Parfondeval, repaire de mendiants. Puis ils partirent ensemble et se séparèrent. Ne rentrèrent au petit jour, avec une hachette tachée de sang, que Châtel, Anceaume, Lerat, Caquelard et Mention qui se partagèrent les biens et l'argent volés. Il put décrire avec précision les objets volés qui s'avérèrent bien être ceux des époux Verdier.
Le proçès tient en haleine l'auditoire du 31 juillet au 18 août 1848. Treize personnes sont accusées. Ceux qui ne peuvent pas suivre cette affaire au tribunal, la lit au jour le jour dans « le Journal de Rouen » à la rubrique « revue judiciaire ». Après 18 jours d'audition des témoins et accusés et après de vifs débats, le jury rend son verdict.
Sur treize accusés, sept sont condamnés. J'ai pu retracer le parcours des inculpés après leurs condamnations. Tous les détails dans un prochain article.
Oh mes aïeux, je n'ose imaginer la douleur qu'ont du éprouver les proches des époux Verdier.
Double assassinat
L'affaire des époux Verdier 2/3
L'affaire des époux Verdier 3/3
Sources:
Archives départementales de Seine - Maritime
Journal de Rouen
"Causes célèbres de tous les peuples" par C. Dupressoir 1849
Dessins et textes extraits de "Causes célèbres de tous les peuples"
C'est une affaire intéressante, ça permet de voir que même à l'époque, il y'avait des fous furieux dans la nature !!
RépondreSupprimerOui quand quelqu'un me dit que c'est de pire en pire de nos jours, j'ai des doutes! Ayant lu beaucoup de faits divers dans le petit journal de 1863 entre autres, les crimes d'antan étaient aussi très barbares !!!
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