lundi 24 mai 2010

Conscription et remplacement au 19e siècle

   Avant la Révolution, on utilise dans les armées une majorité de mercenaires d'origine étrangère, complétée par des enrôlés dits "volontaires".
Le régime républicain qui se met en place à partir de 1792 doit faire face à une guerre déclarée dès le 20 avril aux monarchies européennes. Les contingents de volontaires ne suffisent plus, il manque 50.000 hommes début 1792! De plus, les soldats peuvent démissionner avec un préavis de 2 mois avant la fin de chaque campagne, décidé arbitrairement au 1er décembre vu l'impossibilité d'en connaître la longueur. Ce qui aboutit à un nombre massif de départs chaque hiver!

La conscription est alors inventée avec la loi Jourdan le 19 fructidor de l'an 6 (5.09.1798)
"Tout Français est soldat et se doit à la défense de la patrie"
Article 1er de la loi Jourdan
   Tous les hommes de 20 ans sont recensés, jugés aptes ou non et tirés au sort pour partir à l'armée en fonction des quotas fixés par le ministère de la guerre.
Celui qui tire le mauvais numéro peut se faire remplacer au service armé qui dure à l'époque 7 ans en achetant un remplaçant 1200 francs. Le conscrit, jusqu'en 1855, fournit lui-même son remplaçant soit par connaissance soit en s'offrant les services d'un marchand d'hommes. De 1855 à 1868, l'état se charge de trouver les remplaçants sur la demande des conscrits. Puis en 1868, on en revient au marchand d'hommes et au remplacement libre. Cette possibilité de remplacement est aboli en 1872.

    Mon arrière arrière grand père Henri Heude profita de cette loi sur les remplacements en 1870. Il acheta donc un homme, Ignace Stoll, pour faire son service militaire à sa place. Il se sont rendus tous les deux à Rouen pour formaliser la démarche le 12 juillet 1870. 

 


















    Une semaine plus tard, mon aïeul se rend chez le notaire à Neufchâtel pour établir une obligation ou reconnaissance de dettes de 1100 francs. On peut supposer que cet argent a servi à l'achat de son remplaçant...





Oh mes aïeux, Henri Heude n'a pas fini de faire parler de lui...suite de ses aventures dans de prochains billets.

Sources:
Autour d'Ecuras. Journal d'Histoire locale, monuments, folklore par Mme Fils Dumas-Delage
Les soldats d'Empire au quotidien - JP Mir

7 commentaires:

  1. Article très intéressant. Comment as-tu su que ton aagp avait "acheté" un homme ? Est-ce indiqué sur le registre matricule ?
    Dans quelle série trouve-t-on ce renseignement ?

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  2. C'est vrai que j'ai oublié d'expliquer comment je l'avais su!
    Sur son acte de mariage il est noté qu'il a fourni un certificat de remplacement au service militaire.
    On peut trouver ces certificats dans la série 1R
    Je vais chercher son registre matricule demain si mon boulot le permet mais je suppose qu'il doit y être inscrit quelque chose.

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  3. Bonjour, que représente 1200,-frs de cette époque ?

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  4. Bonjour Yann,

    Par exemple en 1850, 1 franc équivaut environ à 2€53 (valeur de 2006) ce qui nous ferait un remplacement à 3036 € soit environ 19.913 de nos francs... ce qui n'est pas donné à tout le monde. On comprend pourquoi mon aagp a du emprunter.

    J'ai eu ces infos sur histoire-genealogie.com
    http://www.histoire-genealogie.com/spip.php?article398

    Bonne soirée

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  5. Il est passionnant ton article Valérie ! Dans mes p'tites affaires criminelles, j'en ai trouvé des émeutes dans nos p'tits villages poitevins à la suite des réquisitions de conscrits ! Encore bien des affaires à raconter !
    En effet, il ne devait pas être donné à tout le monde de faire l'échange !
    Bonne soirée !

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  6. C'est dingue, cette affaire des remplacements ! Pour les jeunes gens désargentés, elle offrait la possibilité de se constituer un petit capital, qu'on pouvait faire fructifier pendant 7 ans. Le conscrit remplaçant devait cependant beaucoup manquer à la ferme…

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